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Le jeune malade.

Le jeune malade.

L'enfant malade.

L'enfant malade.

Le jeune malade.

Le jeune malade.

Auteur : SCHEFFER Ary

Lieu de conservation : musée Magnin (Dijon)
site web

Date de création : 1824

Date représentée :

H. : 38 cm

L. : 46 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© Photo RMN - Grand Palais - R. G. Ojeda

http://www.photo.rmn.fr

99DE19871/Cat.1938, n° 877

La mort chez l’enfant au XIXe siècle

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Ivan JABLONKA

Pendant longtemps, une grande partie des nouveau-nés a été promise à la mort. Sous l’Ancien Régime, les maladies comme la variole et la diphtérie et d’autres affections comme la fièvre, la diarrhée et les éruptions cutanées sont souvent soignées à l’aide de la pharmacopée traditionnelle, c’est-à-dire avec des potions à base de plantes, de poivre, de café, de jaune d’œuf ou d’eau-de-vie.

Dans les campagnes, on a recours aux offrandes et aux prières à des saints spécialisés ; on fait aussi appel à des rebouteux et à divers guérisseurs. Le médecin est appelé très tard, in extremis, souvent pour constater le décès de l’enfant. Ces pratiques, encore observées au XIXe siècle, expliquent en partie l’effroyable « massacre des innocents » qui frappe les nourrissons placés en nourrice.

Selon les calculs du docteur Bertillon, le taux de mortalité infantile en France dans les années 1860 est de 22 %. Mais les variations régionales sont importantes. Dans la Creuse, il n’est que de 13 % ; le maximum est atteint en Seine-Inférieure (31 %) et en Eure-et-Loir (37 %). Pour les enfants illégitimes, les taux de mortalité sont ahurissants. Sous le Second Empire, la moyenne nationale est de 50 %, avec des pics à 90 % dans certains départements comme la Loire-Inférieure ou la Seine-Inférieure.

Ary Scheffer, qui peint dans la première moitié du XIXe siècle, représente dans Le Jeune Malade les convulsions d’un jeune homme veillé par une femme à la lueur d’une torche. Les couleurs chaudes du tableau, les ombres portées sur les murs, l’exiguïté de la pièce, donnent au spectateur une sensation d’étouffement. La femme, peut-être la mère, assiste impuissante à la souffrance du jeune malade.

Dans L’Enfant malade, peint par Eugène Carrière pour le Salon de 1885, la mère semble tout aussi désemparée. Elle embrasse avec tendresse son nourrisson qui, triste et affaissé, semble totalement indifférent aux caresses de sa mère et aux attentions de ses frères. Leur attitude contraste avec les couleurs pâles, la sobriété du décor, la froideur de cette pièce mal éclairée : cette tension fait de cette scène de genre une peinture à la fois mélancolique et sentimentale. Le jeu des couleurs et la construction mettent en valeur la figure de l’enfant, comme s’il était la personnalité centrale de la famille, mais il semble en même temps que ses proches aient renoncé à le guérir : est-il promis à une mort inéluctable ?

Le sentiment d’impuissance qui se dégage de ces deux scènes illustre l’espèce de fatalisme avec lequel la société voit mourir chaque année des dizaines de milliers de nourrissons. À partir des années 1870, de nets progrès améliorent les conditions de vie (ou plutôt de survie) des nouveau-nés.

D’abord, les accouchements à l’hôpital constituent un progrès décisif. Sous la IIIe République, une série de lois de protection de l’enfance est votée, notamment la loi Roussel de 1874 qui organise au niveau national la surveillance des jeunes enfants placés en nourrice.

Ce sont surtout les progrès de l’ère pastorienne, notamment en matière d’obstétrique, de nutrition infantile, de prophylaxie, de stérilisation et d’asepsie, qui contribuent à la baisse de la mortalité infantile dans le dernier tiers du XIXe siècle. Le vaccin contre la variole, mis au point par l’Anglais Jenner dès 1796, se diffuse peu à peu. « Les enfants furent les premiers bénéficiaires d’une découverte extraordinaire, celle de la vaccine », qui réduit les ravages de la variole (C. ROLLET-ECHALIER, La Politique à l’égard de la petite enfance sous la IIIe République, INED, PUF, 1990, p. 200).

La mort des enfants en bas âge devient dès lors évitable et la mortalité infantile décroît rapidement. À la veille de la Première Guerre mondiale, elle se stabilise à 11 % environ. En dépit de ces succès, la situation reste préoccupante. Par exemple, dans le dernier tiers du XIXe siècle, la vaccination suscite encore une certaine méfiance. En outre, elle n’est pas obligatoire : il faudra attendre 1902 (pour la variole), 1938 (pour la diphtérie) et 1940 (pour le tétanos) pour que tous les enfants soient indistinctement vaccinés.

Philippe ARIÈS, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Plon, 1960.

Scarlett BEAUVALET, Naître à l’hôpital au XIXe siècle, Belin, 1997.

Marie-Françoise LÉVY (dir.), L’Enfant, la Famille et la Révolution française, Olivier Orban, 1990.

Lion MURARD, Patrick ZYLBERMAN, L’Hygiène dans la République. La santé publique en France ou l’utopie contrariée (1870-1918), Fayard, 1998.

Catherine ROLLET, La Politique à l’égard de la petite enfance sous la IIIe République, INED, PUF, 1990.

Catherine ROLLET, Les Enfants au XIXe siècle, Hachette, La Vie quotidienne, 2001.

Ivan JABLONKA, « La mort chez l’enfant au XIXe siècle », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/mort-enfant-xixe-siecle

Anonyme (non vérifié)

Bonjour,
Il y a une erreur de date sur le Scheffer de Magnin, qui est de 1824 - en 1885, le peintre était mort depuis 30 ans.
Au plaisir de vous lire
V_Septembre

dim 17/05/2015 - 19:16 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

Merci pour votre œil avisé et pour l'intérêt que vous portez à notre site.

Les corrections sont désormais effectives sur le site,

A bientôt,

Juliette

ven 05/06/2015 - 16:17 Permalien

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