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Portrait de Marie Vassilieff

Portrait de Marie Vassilieff

Date de création : 1920

Date représentée : 1920

H. : 24 cm

L. : 18 cm

tirage sur papier argentique en noir et blanc

Domaine : Photographies

© Établissement public du palais de la Porte dorée

Marie Vassilieff, une figure de Montparnasse

Date de publication : Décembre 2016

Auteur : Magdalena RUIZ MARMOLEJO

Marie Vassilieff et l’École de Paris

Née en 1884, Marie Vassilieff étudie la médecine et l’art à Saint-Pétersbourg. Grâce à une bourse de voyage donnée par la tsarine Alexandra Fedorovna, elle séjourne en 1905 à Paris, où elle s’installe définitivement à partir de 1907. Elle travaille alors en tant que correspondante de journaux russes et poursuit sa formation artistique auprès d’Henri Matisse.

Marie Vassilieff participe à l’Académie russe de 1910 à 1912 avant de créer sa propre académie, dans le quartier de Montparnasse qui, par la faiblesse du prix des loyers, est en pleine expansion et attire de nombreux artistes et étrangers.

L’Académie Vassilieff devient un lieu incontournable où se côtoient Pablo Picasso, Henri Matisse, Erik Satie ou Chaïm Soutine... Lors de la Grande Guerre, Marie Vassilieff s’engage dans la Croix-Rouge française comme ambulancière et transforme son atelier où elle enseigne le cubisme, en cantine pour les immigrés et les artistes.

L’entre-deux-guerres est une époque marquée par les expositions internationales. Marie Vassilieff reçoit alors la commande de grands décors.

La femme moderne est-elle avant tout une image ?

Sous la lumière vive d’un projecteur, Marie Vassilieff est photographiée en pied dans un intérieur dénudé dont seuls le rideau de fond et le plancher sont visibles. Sa silhouette est longiligne et comme dans sa Poupée-autoportrait de 1929, elle lève les bras au-dessus de sa tête. Attitude excentrique rappelant celle de divinités primitives et néanmoins appréciée car utilisée également dans un portrait de 1922 avec une tiare et un costume traditionnel russe.

L’originalité de la gestuelle chez Marie Vassilieff témoigne de son intérêt pour le mouvement du corps et sa mise en scène. Dans l’Autoportrait avec poupée, daté de 1929, elle porte sur ses genoux sa Poupée-autoportrait en levant les mains au niveau de la tête, dans une attitude similaire à celle de ses portraits. La fusion entre la femme et la poupée-automate atteint alors son paroxysme. Marie Vassilieff considère que la poupée est une manière de théâtraliser la vie. Ses créations prennent place dans des ballets qu’elle réalise ainsi que dans les bals parisiens qui se multiplient au cours des années 1920 et constituent une source d’émulation artistique.

L’artiste dans son atelier.

L’apparition de femmes artistes n’est pas forcément calquée sur celle des mouvements artistiques et Paris concentre bien au contraire des parcours singuliers. Marie Vassilieff est une artiste mondaine comme les autres figures de l’avant-garde. Elle joue ainsi un rôle majeur dans la diffusion de l’œuvre d’Henri Matisse à travers ses articles qui le feront connaître à des collectionneurs tels que Sergueï Chtchoukine.

Marie Vassilieff interroge ici à la fois son identité de femme et de créatrice en adoptant une attitude de pantin. La fusion entre la femme et la poupée-automate est portée à son paroxysme, or l’artiste considère que la poupée est une autre manière de théâtraliser la vie. Ces créations coïncident avec la multiplication des bals parisiens des années 1920 et constituent une source d’émulation artistique. Parallèlement à son investissement dans le milieu du théâtre, de la danse, de la mode et du bal, elle privilégie également des thématiques plus religieuses dès 1922 conformément au retour à l’ordre moral de l’époque.

A l’instar de la plupart des femmes russes restées en France, Marie Vassilieff doit travailler durant la Première Guerre mondiale pour subvenir à ses besoins. Sa famille, durant la révolution russe ne parvient plus à l’aider. Marie Vassilieff vend aussi des œuvres : ses poupées sont très lucratives, contrairement aux photographies, plus personnelles et témoignant de sa maîtrise de la technologie.

Dans ce contexte, dans son atelier, Marie Vassilieff affirme son statut d’artiste et de femme. L’atelier est à la fois un lieu d’apprentissage et pour la femme moderne, un espace de liberté. Il lui permet, en réunissant des artistes, de « fonder une société basée sur la liberté, l’égalité, la fraternité, sur l’idéal républicain en somme. »

Magdalena RUIZ MARMOLEJO, « Marie Vassilieff, une figure de Montparnasse », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 08/05/2024. URL : histoire-image.org/etudes/marie-vassilieff-figure-montparnasse

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